Acte manqué

Publié le par Fourmi

 La vidéo n'a aucun rapport avec l'article, mais je trouve la musique frénétique et  je l'ai écoutée en écrivant cette article.
Une crainte nous traverse parfois : et si on se trompait ? Le malaise quotidien de notre mode de vie actuel nous pousse vers le changement radical. Partir. Loin, vite. Changer. Je ne veux pas planter des crocus ou des salades et je ne veux pas  non plus concocter des confitures. Je ne suis même pas sûre d'avoir envie de me lancer dans un travail manuel. La recherche c'est sûr "j'en ai assez soupée". Mais un entre-les-deux existe. J'ai réalisé cela : la culture, l'artisanat ce n'est pas ce dont nous avons envie. Ce projet ne doit pas reposer sur ces bases...de mauvaises fondations. Envie de parfum ? Envie de chanter ? Envie de partir pour L.A ? Eh bien soit ! On le sait, si on cherche dans une autre direction, une direction qui va dans le sens inverse de nos désirs profonds, en les bridant, en les écartant, en les enfouissant on va se retrouver dans la même situation qu'aujourd'hui. Point important : impossible de réaliser ces envies à la sortie du Master pour des raisons évidentes. Alors partons, vite. Partons pour S.J, et si ça ne suffit pas pour Auckland, pour Perth, pour le Brésil. Voyageons autant que notre volonté l'exige. L'argent ? Travailler quelques mois repartir ensuite. J'ai en horreur les gens et cependant je formule ici le souhait de les rencontrer, croiser des personnes comme Baptiste au hasard de la route. Si on arrive à se libérer, à se gaver de sensations on sera capable de franchir une seconde étape... ou pas.... par ce "ou pas" j'entends que cette quête de soi nous amènera peut-être ailleurs que dans la réalisation de ses désirs primaires. Parce que c'est bien de cela dont il s'agit : d'une quête de soi et non d'une quête du bonheur, car le bonheur nous pousse à envisager de nombreuses vies différentes et attractives. Mais on ne peut ni tout être, ni tout avoir. Aussi frustrante soit-elle, cette vérité est la réalité. We have to get through it, parce qu'aujourd'hui on est rien et on veut tout. Alors ne partons pas à la recherche du bonheur. Mais partons et voyons. Ce voyage est une sorte de rite initiatique à l'image des Mystères. Ne passons pas à côté. Mais par dessus tout ne passons pas à côté de nos réelles envies, à côté de la délicieuse sensation au creux de notre ventre lorsqu'on y songe. Ces chimères faites de paillettes sont sans doute en contradiction avec notre rejet actuel de ce genre de vie (cf. 99 F), mais ce blog a également été créé pour cela : mettre en évidence les paradoxes, les craintes, les désirs, les peurs, les rêves... les regarder, s'en détacher et finalement partir.


 

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R
<br /> Oui je veux partir, d'abord parce que j'ai besoin de changer d'air, de vivre des trucs... ensuite parce que je sais que je ne pourrai rien réaliser de productif en restant ici, je n'ai aucune<br /> ressource, aucune motivation et aucune volonté. So, why bother ?<br /> Autant partir. Je tente ma chance ailleurs.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Oui. Et si on se trompait ? Et si tous ces gens qu’on regarde avec de la colère, parfois de la pitié, tous ces gens qui acceptent un sort qui ne leur convient pas et qui ne cherchent pas à s’en<br /> défaire parce que « c’est trop tard » ou que « c’est difficile », tous ces gens qui font des enfants parce qu’ils ne remettent pas en cause ce principe, tous ces gens qui sont rangés dans une vie<br /> qui nous ferait horreur avaient finalement raison ?<br /> Et si finalement le problème que nous vivons aujourd’hui n’était que dans notre tête ?<br /> J’ai envie de répondre : peu importe ! On s’en fout !<br /> <br /> Le malaise est là. Notre vie est statique depuis bien trop longtemps. Les concessions durent depuis des années et nous en avons marre. Le monde est tel qu’il est. Aucun espoir de le changer un<br /> jour. Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles car il est le seul monde qui soit possible, car le seul qui existe. Ne nous révoltons pas de manière stérile contre l’ordre établi, mais<br /> changeons-nous nous-mêmes, autant que faire se peut. Moi aussi j’ai l’impression que planter des crocus était une illusion, un beau mirage qui est passé dans nos têtes et qui nous a fait languir<br /> quelques jours en voyant le bonheur des autres ! Le malaise est tel qu’aujourd’hui, chaque image du bonheur d’autrui nous laisse imaginer que nous retrouver dans une situation identique nous<br /> rendrait identiquement heureux. Grave erreur.<br /> <br /> Tout l’enjeu est d’écouter pour entendre la voix intérieure qui parle en nous, qui nous dicte ce dont notre cœur est plein et qui nous révèle nos vraies envies. Il ne faut pas chercher le bonheur<br /> en regardant les autres, ou du moins, le moins possible. Certes, on ne peut imaginer le bonheur d’une hypothétique situation future qu’en compilant des images qu’on a déjà plus ou moins vues, et<br /> donc qui ont été vécues par d’autres, mais l’objectif premier est de nous réaliser.<br /> <br /> Aujourd’hui nous voulons partir. La réalité est telle qu’il nous faut retarder le moment du départ, mais pourquoi ne pas mettre ce temps à profit pour planifier le mieux possible ? Il ne faut pas<br /> attendre. Il faut aller là où notre cœur nous porte, et nulle part ailleurs, tant que la contingence matérielle est avec nous.<br /> <br /> Oui, j’ai envie de chanter, plus que de fabriquer du parfum. Je me fais plaisir aujourd’hui dans l’apprentissage, qui est certes long et fatigant, mais très gratifiant. J’en ai les moyens<br /> aujourd’hui alors je profite. Je ne sais pas si je ferai ma vie autour du chant, et je suis incapable de savoir ce que le sort me réserve, mais aujourd’hui je le fais car je veux éviter à tout prix<br /> les regrets. Je ne veux pas me dire qu’un jour je serai plus reposé, plus disponible, plus riche et donc plus à même d’apprendre le chant convenablement. Je veux le faire aujourd’hui. Si l’envie de<br /> créer est en moi aujourd’hui, alors je me donne aujourd’hui. Sans procrastiner. « Qui veut être heureux soit, nul n’est sûr du lendemain. »<br /> Et oui, un premier ténor d’opéra touche 15000€ par représentation. Et oui, ils sont tous alcooliques et dépensiers, imbus d’eux-mêmes. Ils ont une vie qui ne me semble pas au meilleur de<br /> l’épanouissement possible d’un être humain. Mais je ne suis pas eux, ils ne sont pas moi. Je verrai, j’ai hâte de voir. Mais aujourd’hui, je veux partir.<br /> <br /> Et toi ?<br /> <br /> Ton article est franchement génial.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Ceci dit, quand j'y pense, j'ai bien plus envie de devenir chanteur que parfumeur.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Cet article virtuose me laisse rêveur. Je crois que je dois méditer quelques temps pour écrire un commentaire valable, mais je le ferai.<br /> <br /> <br />
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